30 janvier 2013 3 30 /01 /janvier /2013 10:58

Une situation apocalyptique déjà dénoncée par le docteur Olivier-Koehret dans son ouvrage "La santé aux urgences" rédigé en 2008 - Lien: www.psy-luxeuil.fr/article-la-sante-aux-urgences -  Cinq ans plus tard, la situation dégénère !

 

Sante-aux-urgences

 

En 2007, plus de 15 millions de personnes ont été admises dans l’un des 625 services d’urgences de France. Une fréquentation qui a doublé ces quinze dernières années… et qui se traduit par 4 heures d’attente en moyenne avant une prise en charge.

 

Les urgences sont-elles devenues des services de consultations non programmées ? Pour mieux comprendre ce qui se joue du côté des patients et du côté des équipes médicales, les journalistes d’Etat de santé sont partis 24 heures en immersion aux urgences du CHU de Rouen. Et pour voir comment désengorger les urgences : focus sur les maisons médicales de garde en France et en Belgique où l’option de la sanction financière a été choisie.

 

Autour de ces questions, Elizabeth Martichoux recevra Pierre Carli, directeur du Samu de Paris et Président du tout récemment créé Conseil National de l’Urgence hospitalière.

    

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27 janvier 2013 7 27 /01 /janvier /2013 17:40

Habitude et audience aidant, depuis dix ans France Culture impose dans sa grille d’été les conférences de l’université populaire de Caen. Michel Onfray s’y est taillé avec brutalité un franc succès, en exhumant des figures mineures de la pensée et en contestant l’institution qui les avait "soit-disant" oubliées ou enterrées pendant des siècles.

  

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Aujourd'hui, Michel Onfray et son compagnon Didier Pleux, ne représentent absolument plus la fédération des Universités populaires de France, qui de leur côté, ont suivi la voie de l'ouverture et de l'intégration de toutes les disciplines.

   

Michel Vignard, producteur à France culture: Le problème est que, n’ayant jamais fait pour son compte œuvre scientifique, jamais porté au jour un seul de ces penseurs, jamais traduit ou édité leurs livres, il doit se contenter d’en parler à partir des travaux irremplaçables de ces universitaires qu’il fustige tant par ailleurs. Passons sur la contradiction ou l’imposture, comme on voudra dire, et venons-en à son style tout droit sorti de la Troisième République des lettres. Une bonne dose de biographie dans l’esprit de Gustave Lanson, de l’aimable paraphrase, ça ne mange pas de pain et ça apprend toujours quelque chose, des citations répétées pour permettre aux auditeurs d’en identifier l’importance et les noter sans faute. Une parole magistrale, des applaudissements en fin de cours, pas de quoi renverser la table.

 

Il n’en va pas de même depuis le séminaire sur Freud diffusé la saison 2010-2011. Changement d’orientation, Michel Onfray ne ressuscite plus, il enterre ! "Sa thèse principale consiste à faire de la psychanalyse la science de Freud en personne, accusant sans répit vingt-cinq séances durant l’auteur de l’Interprétation du rêve d’avoir capté à son profit la substance et la gloire de la psychanalyse, sans compter les griefs annexes de terrorisme ou d’adultère". Un livre paru à la même époque, Rêver avec Freud, signé par Andreas Mayer et la regrettée Lydia Marinelli (Aubier, 2009), fait la litière de cette thèse. Dans ce volume, sous-titré l’Histoire collective de l’Interprétation du rêve, les auteurs, comparant les huit éditions du texte, de 1899 à 1930, montrent «une interactivité permanente entre l’auteur Sigmund Freud et son public de disciples, de critiques, de collègues et de patients». Ainsi est mis un grand bémol à «l’image héroïque de l’auto-analyse» complaisamment véhiculée depuis la biographie d’Ernest Jones, et reprise sans distance par Michel Onfray.

 

Ce seul exemple suffit à mettre en évidence tout à la fois l’approche vieillotte, la bibliographie datée et le manichéisme de l’apôtre de Caen. Mais notre redresseur de torts ne s’en est pas tenu là, un nouveau cap semble avoir été franchi avec la saison qui s’achève, consacrée aux «réfractaires», George Politzer, Paul Nizan ou encore Albert Camus. Il exhibe face à eux des figures académiques qui concentrent ses foudres. Ainsi, se réfugiant derrière la parole de Politzer, il n’hésite pas à parler de «Bergson comme source du fascisme». Qui, reprenant le discours raciste de Hegel sur l’homme noir, aurait la mauvaise idée de s’effacer derrière l’autorité du philosophe de Iéna. Ne pas dire qu’un philosophe aussi a des opinions, et ne pas leur appliquer la critique qu’elles exigent est un péché contre l’esprit. Et quel est le sens de cette contre-philosophie «de classe» qui cite cette fois l’autorité de Bourdieu pour faire pencher la balance du côté du prolétaire Camus au détriment du bourgeois Sartre ? Et on ne parlera pas du flou systématique sur la chronologie, qui n’est pas sans valeur en histoire, ni de quelques erreurs factuelles comme à propos de Heidegger, qui n’a pas consacré sa thèse de doctorat à Jean Scot Erigène mais bien à Jean Duns Scot, le «docteur subtil».

 

"L’ultime séance hebdomadaire du séminaire est consacrée aux questions de la salle, c’est la goutte qui fait déborder le vase !" Rien pour contredire, discuter, relativiser, préciser. Partout et toujours la même révérence envers la parole du maître, c’est ce qui fait dire que la philosophie est trahie. Et avec elle la mission d’une chaîne comme France Culture. Au fil des saisons, l’université populaire de Caen s’est transformée en grand-messe et le philosophe, plus soucieux de bien et de mal que de vérité, a pris les travers fâcheux d’un gourou. Les époques en crise en quête de valeurs plébiscitent le simplisme, c’est regrettable mais guère surprenant. Mais comment accepter que chaque été une antenne publique ouvre à Michel Onfray, sans contrepartie aucune, pareille tribune officielle ? Au nom du public et de l’esprit, de toute évidence, cela ne peut plus se prolonger sans débat.

 

"Texte de Michel Vignard, professeur de philosophie, écrivain, critique au magazine Art press, producteur délégué à France Culture."
  
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15 décembre 2012 6 15 /12 /décembre /2012 07:07

Sur Facebook, les internautes alignent leurs amis sur leur profil comme des trophées sur la cheminée. "Mais que vaut réellement un ami de Facebook ?"

  

      

Sur Facebook, votre valeur se mesure à votre nombre d’amis. Moins de 50 et vraiment, vous n’êtes pas grand chose... Afficher beaucoup d’amis est la norme, et même la manière d’exister sur le réseau. Plus vous en avez, mieux c’est. C’est ainsi que sur Facebook, il n’est pas rare de voir des internautes cumuler 300 amis. Pourtant, dans la vraie vie, qui a plus d’une dizaine de véritables amis ?

 

« Encore une fois, les internautes affichent ce nombre d’amis pour se valoriser. Un peu comme d’autres collectionnent les commentaires sur les blogs (Une exception toutefois pour les pages pros, les revues et les associations qui ont besoin d'un réseau d'amis étendu pour fonctionner). Sauf qu’avec le mot ami, ça prend une autre dimension », explique Michael Stora. Internet donne cette fausse impression que l’amitié est accessible à tous en quelques clics, qu’il suffit de cliquer sur « oui » en bas d’une invitation pour se faire un ami.

 

D’ailleurs, de nombreux internautes ont parmi leurs amis de Facebook des artistes de renom. « C’est vraiment classe de pouvoir afficher Madonna sur son profil » explique Jeanne, facebookienne convaincue. En regardant de plus près le profil de Madonna, on constate que la chanteuse affiche 5400 amis… A ce niveau-là, ce sont plutôt des fans. Mais cela créé aussi un fantasme d’égalité, où tout le monde, stars et politiciens compris, serait accessible.

 

Facebook donne l’illusion que les amitiés sont faciles, qu’il suffit de lancer ou d’accepter une invitation pour se faire des amis. Par opposition à la vraie vie, où chacun peut se rendre compte que se faire un ami et le garder n’est pas si simple. Facebook donne la fausse impression qu’on peut éviter les frustrations.

 

« Quelqu’un peut refuser d’être votre ami, ce qui engendre forcément de l’insatisfaction, voire une sensation de rejet » note le psychanalyste. Sans compter le jugement des facebookers : certains n’hésitent pas à se moquer de ceux qui n’ont « que » 17 amis… Facebook a un côté cour de récréation à double tranchant : on s’y amuse sans complexe, mais on n’hésite pas non plus à se moquer avec cruauté. De quoi érafler l’estime de soi, à fortiori quand on se trouve déjà dans un moment de fragilité.

 

Ce qui interroge sur Facebook, c’est la conception de l’amitié que le réseau véhicule. « Ces réseaux sociaux bradent la notion même d’amitié. En mettant le mot « amis » sur les relations via Facebook, on galvaude cette relation qui normalement se construit dans le temps, et démontre sa valeur par le temps également » dénonce Michael Stora.

 

« Le zapping relationnel induit par l’univers virtuel – tu es à ma disposition immédiate, je disparais quand je veux - est même l’exact contraire de la relation amicale » renchérit Pasale de Lomas, dans son livre « Se faire des amis et les garder ». Il est vrai que se faire des amis est un processus long, fait de compromis, d’acceptation des différences, et surtout de confiance mutuelle.

 

D’ailleurs certains internautes s’élèvent contre ces amitiés rapides et sans sélection, et on voit apparaître des réseaux où la qualité des amis prime sur la quantité. A Small World, par exemple, se définit comme l’antithèse de Facebook ou MySpace. Les inscriptions y sont limitées, comme dans un club privé, et il faut connaître un membre pour y avoir accès.

 

Mais les internautes sont-ils vraiment dupes ? « Un ami de Facebook, ce n’est pas toujours la même chose qu’un ami de la vie réelle. C’est vrai que le réseau permet de renouer avec des vieux amis d’école : un déménagement ou un changement d’orientation vous sépare facilement.

 

Mais certains amis sur Facebook sont juste de vagues connaissances, je les ai ajoutés en amis pour me faire un réseau, c’est tout ! » explique Marc, adepte de Facebook. « Et puis » ajoute-il presque aussitôt « Sur Facebook, avoir plein d’amis, c’est le jeu. Et même l’enjeu ! ». Tout est dit...

 

Jessica Pierronet pour psychologies.com

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17 novembre 2012 6 17 /11 /novembre /2012 12:36

Après Émile Durkheim, ce sont Pierre Bourdieu et Jean-Claude Passeron qui ont vraiment donné naissance à la sociologie de l'éducation. En diversifiant ses objets de recherches et en se recentrant sur les stratégies des acteurs, la sociologie contemporaine est aujourd'hui en recherche de nouveaux cadres théoriques.

 

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-Vincent Troger pour Sciences Humaines-

 

Genèse et objet


Émile Durkheim (1858-1917) est le précurseur incontesté de la sociologie de l'éducation. Bien qu'il n'ait pas publié sur ce sujet de son vivant, il a donné de nombreux cours de sociologie de l'éducation à la Sorbonne, où il a occupé à partir de 1906 une chaire de sciences de l'éducation. Ses leçons ont été réunies, avec d'autres textes, dans trois publications posthumes : Education et Sociologie (1922), L'Education morale (1925) et L'Evolution pédagogique en France (1938). E. Durkheim applique à l'éducation le principe fondateur qu'il avait formulé dans Les Règles de la méthode sociologique (1895) : « Les faits sociaux doivent être considérés comme des choses. »

 

Il insiste sur la relation étroite qui unit les structures politiques et sociales avec les pratiques éducatives en vigueur dans une société et les formes scolaires qui s'y développent. Il analyse par exemple l'essor des collèges au XVIIe siècle comme le signe d'une généralisation des modes d'éducation aristocratiques au profit de la bourgeoisie montante. E. Durkheim met aussi en évidence la fonction de socialisation que remplit l'école dans les sociétés modernes : « L'éducation consiste en une socialisation méthodique de la jeune génération. » Il conçoit cette socialisation comme la transmission de valeurs et de normes communes à tous les individus de la même société, « à quelque catégorie sociale qu'ils appartiennent ». Après lui, il a fallu attendre les années 60 pour que les questions d'éducation réapparaissent dans les interrogations sociologiques en France.

 

Des processus de sélection sociale masqués

 

Ce sont surtout Pierre Bourdieu et Jean-Claude Passeron qui ont fait de la sociologie de l'éducation une préoccupation importante de la sociologie contemporaine en publiant Les Héritiers (1964) et La Reproduction (1970). Ils y prennent en quelque sorte le contre-pied de l'analyse de E. Durkheim. Leur thèse centrale est que l'école reproduit les inégalités sociales à travers des méthodes et des contenus d'enseignement qui privilégient implicitement une forme de culture propre aux classes dominantes. La pratique du cours magistral, qui se fonde sur l'usage d'un langage cultivé sans en dévoiler les mécanismes, induit une « complicité cultivée » entre les enseignants et les élèves des milieux culturellement favorisés, déjà accoutumés à ce type de rapport au langage. Sous couvert d'universalisme, l'école leur permettrait en fait de faire fructifier le « capital culturel » que leur transmettent leurs parents. Là où E. Durkheim voyait la transmission de valeurs communes, P. Bourdieu et J.-C. Passeron dénoncent une légitimation des inégalités, puisque l'école masquerait derrière un discours sur l'égalité des chances des processus de sélection sociale qui aboutissent à justifier ces inégalités par la sanction du diplôme scolaire.

 

Le travail des deux sociologues a atteint un niveau d'élaboration théorique qui lui a valu une large notoriété. Il faut néanmoins souligner qu'il s'inscrit dans un ensemble de recherches qui, au cours de la même période, ont visé chacune à sa manière à démontrer que les systèmes scolaires contribuent à l'aliénation des classes populaires. Parmi les plus connues, il faut citer celles de Christian Baudelot et Roger Establet (L'Ecole capitaliste en France, 1971), de Claude Grignon (L'Ordre des choses, 1971) ou du Britannique Basil Bernstein (Langage et classes sociales, 1975).

 

Le postulat de l'acteur social rationnel


Mais l'analyse de P. Bourdieu et J.-C. Passeron a aussi été très tôt critiquée. Dès 1972, dans un livre intitulé L'Inégalité des chances, Raymond Boudon récuse la thèse déterministe des deux auteurs, qui posaient que les individus agissent en fonction de « dispositions » sociales qu'ils ont inconsciemment « intégrées » pendant leur enfance et qui dirigent leurs comportements. R. Boudon part d'un postulat inverse : celui de l'acteur social rationnel, emprunté aux théories économiques. De son point de vue, les inégalités sociales observées dans les parcours scolaires sont le résultat de la juxtaposition de stratégies divergentes, adoptées consciemment par les familles en fonction des informations dont elles disposent et de leur manière d'évaluer les avantages et les coûts d'une poursuite d'études. « L'éventualité de devenir, par exemple, instituteur, écrit R. Boudon, n'est pas perçue de la même manière par le fils d'un ouvrier et par le fils d'un membre de l'académie des sciences. » Le fils d'ouvrier se satisfera d'un statut qui constitue pour lui une progression sociale notable, alors qu'il anticipera négativement le coût psychologique et financier d'études longues, ce qui ne sera évidemment pas le cas du fils d'universitaire. Le phénomène de « reproduction » sociale analysé par P. Bourdieu et J.-C. Passeron ne serait alors qu'un effet pervers d'une accumulation de choix individuels rationnels (d'où le nom d'« individualisme méthodologique » donné à cette interprétation), mais dépendants de la position sociale initiale des acteurs.


Recherches actuelles


En introduisant la notion de stratégie des acteurs dans la sociologie de l'éducation, R. Boudon lui a offert une autre grille de lecture que celle qu'avait imposée la théorie de la reproduction. Si la quasi-totalité des sociologues contemporains de l'éducation reconnaissent leur dette à l'égard de P. Bourdieu et J.-C. Passeron, ils ont aussi cherché à dépasser ou à approfondir une analyse qui tend à enfermer les pratiques éducatives dans une logique unilatérale, et l'ont fait en cherchant à mieux saisir les pratiques des acteurs.

 

C'est par exemple le cas des sociologues suisses Philippe Perrenoud et Cléopâtre Montandon, qui publient en 1988 un recueil d'études sur les difficultés de communication entre les parents, surtout d'origine modeste, et les enseignants (Entre parents et enseignants, un dialogue impossible). La même année, dans L'Ecole primaire au quotidien, Régine Sirota met en évidence les inégalités de considération que les maîtresses d'école manifestent quotidiennement à l'égard de leurs élèves (fréquence des regards, sourires, félicitations ou interrogations) et qui révèlent des préférences subjectives souvent liées à leurs origines sociales. François Dubet s'intéresse pour sa part à la vie quotidienne des lycéens (Les Lycéens, 1991) et à leur mal de vivre.

 

Subjectivation versus socialisation


F. Dubet est d'ailleurs un des premiers à tenter de donner à ces nouvelles approches un cadre théorique renouvelé. Dans A l'école. Sociologie de l'expérience scolaire, écrit en 1996 avec Danilo Martuccelli, il analyse la manière dont les élèves vivent ce qu'il appelle leur expérience scolaire. Selon lui, la construction individuelle de la personnalité, ce qu'il nomme la « subjectivation », qui passe notamment chez les jeunes par la participation à une consommation culturelle spécifique, entre en conflit au cours de la scolarité avec la socialisation, c'est-à-dire l'imposition des normes collectives et la compétition scolaire. Pour résoudre ce conflit, les élèves disposent de ressources différentes selon leurs origines sociales. Cette tension entre subjectivation et socialisation est plus violente chez les jeunes d'origine populaire, notamment en raison de l'écart entre leur culture familiale et la culture scolaire, et peut expliquer leurs plus fréquents échecs.

 

Dans la suite de ces travaux, Anne Barrère a proposé d'analyser le travail scolaire à la manière des sociologues du travail (Les Lycéens au travail, 1997). Elle montre par exemple que la principale difficulté des élèves dont les familles ne disposent pas d'un capital culturel élevé est de comprendre ce que les professeurs attendent vraiment d'eux. Pour mémoriser le maximum de connaissances, nombre de ces élèves travaillent beaucoup, mais ils ne comprennent pas toujours comment les enseignants souhaitent que ces connaissances soient réutilisées au moment des contrôles.

 

Cette interrogation sur le sens du travail scolaire a été parallèlement approfondie par plusieurs chercheurs, notamment Elisabeth Bautier, Bernard Charlot et Jean-Yves Rochex (Ecole et savoirs dans les banlieues et ailleurs, 1992). Ils y montrent que les élèves qui réussissent à l'école sont ceux qui donnent du sens au savoir scolaire, c'est-à-dire qui trouvent du plaisir dans le travail intellectuel sans en attendre des résultats concrets à court terme. Or ce type de rapport au savoir et à la culture est plus rare dans les milieux populaires, où la confrontation quotidienne aux problèmes matériels conduit à privilégier les connaissances utilitaires.

 

Cherchant lui aussi à comprendre les trajectoires scolaires des élèves d'origine populaire, Bernard Lahire a conduit une longue enquête au sein de familles populaires, particulièrement immigrées. Il y met en évidence, entre autres, l'importance du rôle des mères. La réussite scolaire des enfants dans ces familles est en effet liée à la capacité des mères à maîtriser l'emploi du temps de la vie familiale, à mobiliser toutes les ressources sociales disponibles pour la réussite scolaire (voisinage, frères et soeurs...), et à leur vigilance à l'égard du mode de vie de leurs enfants (Tableaux de familles, 1995).

 

Tout en étant moins orientés vers la compréhension des comportements individuels, d'autres sociologues ont également travaillé sur les stratégies des acteurs. C'est le cas de Robert Ballion (Les Consommateurs d'écoles, 1982) et d'Alain Léger et Gabriel Langouët (Le Choix des familles, 1997). Ces auteurs insistent sur le développement de comportements consuméristes à l'égard de l'institution scolaire. Ils montrent que la supériorité des familles culturellement favorisées tient aussi à leur habileté à profiter des marges de manoeuvres qu'offre le système scolaire pour faciliter les parcours de réussite de leurs enfants, notamment par l'utilisation des dérogations à la carte scolaire ou le recours à l'enseignement privé. A l'opposé de ces stratégies de réussite, Stéphane Beaud met en évidence la désillusion et le sentiment de déclassement des jeunes titulaires de baccalauréats professionnels qui cherchent à poursuivre des études à l'université et y subissent souvent de sévères échecs (80 % au bac, et après ?, 2003).

 

L'absence d'une théorie unificatrice

 

Mais les stratégies d'acteurs, ce sont aussi celles des personnels des établissements et de ceux qui décident ou appliquent les politiques éducatives. Des auteurs comme Jean-Louis Derouet (Ecole et Justice, 1992) ou Agnès van Zanten (L'Ecole de la périphérie. Scolarité et ségrégation en banlieue, 2001) ont ainsi analysé l'éclatement des points de vue d'acteurs et la diversité des arrangements locaux auxquels les évolutions des politiques éducatives ont donné lieu au sein des établissements scolaires. De nombreux chercheurs tentent également de repérer au milieu de la disparité des établissements ceux qui sont le moins socialement ségrégatifs. A la lecture de ce très bref état des lieux, on peut dire avec Jean-Manuel de Queiroz que la sociologie de l'éducation n'est pas aujourd'hui « unifiée au sein d'une théorie unique et cohérente ». La distance prise à l'égard des « paradigmes hégémoniques des années 70 » a abouti à des recherches abondantes et diversifiées, mais qui n'autorisent pas pour l'instant l'élaboration d'une théorie unificatrice.

 

Pourtant, ces recherches ont contribué à rendre aux acteurs leur consistance et à mieux comprendre comment les individus subissent, supportent, contournent ou combattent les injustices de la compétition scolaire. Un bon exemple de ces nouvelles problématiques est sans doute offert par les enquêtes sur la scolarité des filles. Devant le constat indiscutable de la meilleure réussite scolaire des filles, tous milieux sociaux confondus, des auteurs comme C. Baudelot et R. Establet (Allez les filles !, 1992) ont été amenés à nuancer les analyses antérieures sur la reproduction des inégalités ou sur la domination masculine. La réussite scolaire des filles peut en effet s'interpréter comme une inversion à leur profit, grâce aux logiques scolaires, des stéréotypes sexuels traditionnels.

 

La docilité et les compétences relationnelles que les modes d'éducation dominants développent chez les filles, a priori pour les confiner dans leur futur rôle de mère de famille, deviennent des atouts pour réussir à l'école, alors que les comportements virils d'affirmation de soi valorisés dans l'éducation masculine préparent mal les garçons à se soumettre aux normes scolaires. En bref, les filles travaillent quand les garçons chahutent. Certes, malgré leurs meilleures performances scolaires, les filles continuent d'être minoritaires dans les filières scientifiques de haut niveau. Pour l'expliquer, on peut suivre Marie Duru-Bellat qui interprète cet écart en termes de conditionnement au manque d'ambition et à l'autocensure (L'Ecole des filles. Quelle formation pour quels rôles sociaux ?, 1990). Mais on peut aussi observer qu'elles sont désormais nettement majoritaires dans des filières aussi sélectives que les grandes écoles de commerce ou les facultés de médecine. La question de l'interprétation sociologique de la réussite scolaire des filles reste, comme beaucoup d'autres, ouverte.

 

En se recentrant sur l'acteur, la sociologie de l'éducation a élargi son champ de réflexion et produit des recherches fructueuses pour la connaissance des pratiques éducatives. Elle semble cependant traverser une période où elle paye cette pluralité de recherches par un déficit de cadre théorique. Or les repères théoriques clairement identifiés sont sans doute indispensables pour permettre aux chercheurs de se positionner les uns par rapport aux autres et alimenter les débats sans lesquels une science sociale a du mal à progresser. C'est un des principaux défis pour l'avenir de la discipline.

 
Vincent Troger pour www.scienceshumaines.com

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15 novembre 2012 4 15 /11 /novembre /2012 19:22
URGENT : POUR LA SAUVEGARDE DES SOINS DE PROXIMITE !
  

Il y a un an, nous nous étions mobilisés avec vous contre l'article 22 de la Proposition de loi Fourcade qui remettait en cause les principes fondamentaux de notre système de santé et de notre protection sociale en instaurant le conventionnement individuel et en bafouant le libre choix du patient.

Grâce à vous, nous avions gagné et la mesure avait été retirée.
 
Aujourd'hui, elle revient sous la forme de la Proposition de loi n°296.
 
Nous nous lançons à nouveau dans la bataille pour:
- PROTEGER LE LIBRE CHOIX DU PATIENT
- PRESERVER L'ACCES AUX SOINS DE PROXIMITE ET LE CARACTERE UNIVERSEL DE NOTRE PROTECTION SOCIALE
 
La pétition que nous avons lancée le 7 novembre 2012 a déjà recueilli plus de 7000 signatures.
C'est énorme mais pas encore suffisant. Nous avons besoin de votre soutien rapide car l'agenda est serré (première lecture à l'Assemblée Nationale le 28 novembre 2012).
 
Voici ce que vous pouvez faire pour commencer:
1. Signer et faire signer autour de vous la pétition en ligne (que vous pouvez également imprimer et nous renvoyer par courrier)
2. Contacter par courrier votre DEPUTE et votre SENATEUR (modèles de courriers proposés ici)
3. Afficher dans vos locaux et/ou salles d'attente les AFFICHES (à imprimer à partir des modèles ici)
4. Relayer cette information auprès de vos patients et clients par les FLYERS (à imprimer à partir d'ici)
 
Votre action est déterminante.
Grâce à elle et tous ensemble, nous gagnerons.
Merci d'avance.
 
L'équipe de Soins Coordonnés.
Vous pouvez aussi soutenir notre action financièrement ici
 
Toutes les informations sur notre action sur le blog: http://pourlasauvegardedessoinsdeproximite.wordpress.com/
 
Soins Coordonnés est une association loi 1901 de professionnels de santé à but non lucratif.
Toutes les informations sur notre site ou par mail à contact@soinscoordonnes.fr
 
-Soins Coordonnes 28 rue Godefroy Cavaignac 75011 Paris-
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29 octobre 2012 1 29 /10 /octobre /2012 16:25

On se représente souvent la mémoire ou l’histoire comme des sortes de disques durs d’ordinateur : un enregistrement intégral et fidèle de tout ce qui a pu être perçu et retenu. Mais le fonctionnement de la mémoire humaine tout comme le travail de l’historien ont peu à voir avec ces dispositifs techniques.

 

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Il y a longtemps que philosophes et historiens l’écrivent : les mémoires collectives sont au moins à moitié faites d’oubli, et ce que nous appelons l’histoire, selon Tzvetan Todorov, n’est en fait qu’une sélection sévère d’événements gardés présents à l’esprit, beaucoup moins nombreux que ceux qui ont été effacés. Mais à considérer les débats qui l’entourent, on voit bien que cet oubli existe sous différentes formes, et pour différentes raisons.

 


L’oubli


 

Il y a d’abord un oubli nécessaire, celui d’événements jugés peu importants, de faits anecdotiques, brefs, sans grande signification pour le récit, ou simplement hors propos. L’histoire ne peut se passer de cet oubli-là : l’étude, même la plus érudite, des relations franco-allemandes n’a que faire de la marque du savon à barbe utilisé par le maréchal Foch au matin du 11 novembre 1918. Cela dit, rien n’empêche qu’à un autre moment ou sous un autre angle, le rappel de ces faits soit jugé pertinent (par exemple, si l’on écrit une histoire de l’hygiène aux armées). L’oubli nécessaire n’est rien d’autre qu’une forme de morcellement de la mémoire historique qui obéit à des soucis « esthétiques ou scientifiques », à une mise en forme du savoir. « Le travail de l’œuvre sur la société contribue à lui faire oublier ce qui a été », a écrit Marc Ferro.


 

Mais il existe aussi un autre oubli que l’on pourrait qualifier de salutaire s’il ne recouvrait pas souvent une injustice profonde. Il porte cette fois sur des événements importants de l’histoire, comportant des enjeux de mémoire souvent douloureux. Prenons quelques exemples. Lors des guerres de partition de la Yougoslavie, dans les années 1990, des motifs de rancœur entre Serbes, Croates et Bosniaques datant de la Seconde Guerre mondiale ont été réactivés. À certains égards, leur oubli aurait été plus salutaire. Mais, autre exemple, l’oubli des massacres perpétrés contre les Arméniens en 1915 par des forces turques, assez largement pratiqué pendant des décennies, est loin d’être jugé « salutaire » par les Arméniens eux-mêmes, tandis que la reconnaissance de ce forfait comme génocide est catégoriquement rejetée par les autorités turques actuelles. Nombre d’évé­nements tragiques (exterminations, persécutions, crimes de guerre, déportations de masse, réductions en esclavage, oppressions) sont ainsi plongés dans le silence pendant de longues périodes soit au titre de mensonges officiels, soit sous l’effet des « blancs » de la mémoire sociale, en général celle des vainqueurs. Les sortir de l’oubli provoque toujours réactions et contre-réactions, voire réveille des hostilités en sommeil.


 

Pas de paix sans justice


 

Mais leur oubli était-il vraiment salutaire ? Pour les partisans du « devoir de mémoire », il n’y a pas de paix sans justice. De plus, à leurs yeux, le rappel des crimes et des erreurs de l’histoire a une vertu proprement pédagogique, sinon préventive, donc contribue à la paix. Ne pas oublier Hiroshima, par exemple, serait une manière de prévenir les risques de guerre nucléaire. Mais, faut-il le dire, dans le même temps, cette mémoire en fait surgir une autre : celle d’un crime qui n’a jamais été puni. Perpétré par un vainqueur de l’histoire, il sombrerait facilement dans l’oubli « salutaire », n’étaient les différents acteurs qui, animés par différents types de soucis (justice, réparations, reconnaissance, antimilitarisme, pacifisme), se chargent d’en rappeler le souvenir.

 

Nicolas Journet.
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25 octobre 2012 4 25 /10 /octobre /2012 11:05

Trois mois, six ans, vingt ans… De parloirs en promenades,
 comment vit-on le quotidien en milieu carcéral  ? Comment s’organise la vie quand elle est contenue dans une cellule de 10 m2  ?

   

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Les clefs de l’énorme trousseau cliquettent à la ceinture du surveillant. Pour pénétrer l’univers carcéral lorsqu’on est journaliste, il faut s’armer de patience. La maison d’arrêt d’Auxerre n’y fait pas exception. Trois mois de délai et quatre ou cinq relances téléphoniques pour obtenir une visite des locaux de seulement quarante-cinq minutes. Le jour dit, il faut sonner à l’interphone, franchir un portail encadré par un surveillant, laisser ses effets personnels, passer sous un portique de sécurité. À chaque porte, des sonnettes, des serrures aux lourdes gâches. L’attente.

 


À un instant donné, un Français sur mille dort derrière les barreaux. Bien qu’à l’écart et peu visible, la prison est une société à part entière. Dans les années 1970, le Groupe d’information sur les prisons (Gip), initié par Michel Foucault, Jean-Marie Domenach et Pierre Vidal-Naquet, permet à la prison de faire irruption dans le débat public. Depuis, nombre de sociologues, historiens, psychologues, journalistes et militants continuent de dénoncer l’univers carcéral comme étant un non-lieu marginal, occulté et, parfois, une zone de non-droit. Des témoignages de détenus, ou des œuvres de fiction, comme le film Un prophète de Jacques Audiard (2009), ont entraîné spectateurs et lecteurs là où leur regard ne portait pas : derrière les murs, dans le quotidien carcéral.


La prison est une institution en tensions entre des objectifs contradictoires : elle désocialise les individus pour les resocialiser, elle prétend tout à la fois punir et réinsérer. Mais, en deçà de l’ambition institutionnelle, une autre réalité se fait jour : celle de la vie quotidienne des détenus. En prison, parce qu’il faut bien vivre, on noue des liens, on s’approprie l'espace, on résiste ou on abdique, on patiente. Bien sûr, le quotidien carcéral diffère d’un établissement à l’autre, d’un détenu à l’autre. Régime d’incarcération ouvert ou fermé, maison d’arrêt ou centre de détention : les vécus sont pluriels, et les témoignages parfois dissemblables. Mais comment, concrètement, vit-on en prison ?


 

Compter 
le temps


La prison est un espace bien délimité : une cellule de quelques mètres carrés, des coursives, une cour, des murs d’enceinte. Mais elle est aussi un temps : le temps de la journée, des heures et des minutes ; et celui de la peine, des mois et des années. Le temps carcéral, explique le sociologue Gilles Chantraine, est « un trou noir : le cœur du système semble gorgé de vide (1) ». Les activités telles que le parloir, la bibliothèque, la promenade, le travail ou le sport ne parviennent que difficilement à structurer la journée des détenus. Au mieux, elles comblent le vide.


 

Dès lors, à quoi bon posséder une montre ? Quand ils sont en régime fermé , les détenus ne sont pas maîtres de leur emploi du temps. Ils doivent attendre qu’on leur livre la gamelle pour manger, qu’on vienne les chercher pour se déplacer. Même si elle maintient le lien avec le temps extérieur, la montre ne fait que renforcer ce sentiment d’impuissance : savoir l’heure qu’il est mais ne rien pouvoir faire de cette donnée. Christophe de La Condamine, dans le journal qu’il a tenu lors des quatre ans de son incarcération, raconte : « Si j’avais un repère au poignet, je risquerais d’y regarder un peu trop souvent, je m’y fabriquerais l’attente. Attente de la promenade, attente du déjeuner, attente de l’heure du dîner, attendre l’heure de quoi ? Vivement dans cinq ans ou dans dix (2). »

   


Les détenus perçoivent avec étrangeté les années passées en prison. Temps immobile, « le corps semble avoir vieilli sans avoir vécu », explique G. Chantraine. En prison, certains détenus choisissent ainsi de dormir le plus possible pendant la journée. « Comme si les heures de sommeil ne comptaient pas dans l’accomplissement de la peine (3) », souligne le journaliste Frédéric Ploquin.


 

Cantiner


Pour améliorer l’ordinaire, les détenus « cantinent », c’est-à-dire qu’ils achètent, sur leurs deniers personnels, de la nourriture, des produits de toilette, et tous les objets et fournitures dont ils ont besoin au quotidien. Comme ils ne disposent pas d’argent liquide, c’est sur leur compte, alimenté par les proches ou par le salaire qu’ils perçoivent, que sont prélevées les sommes des achats par correspondance. Les détenus pauvres, les « indigents » qui disposent de moins de cinquante euros par mois, se voient attribuer une petite aide financière, en fonction des établissements et de leur comportement en détention. Dans le cas contraire, ils doivent se contenter des « gamelles » et du nécessaire que leur fournit l’administration pénitentiaire, généralement de piètre qualité et distribué au compte-gouttes. Et se priver de télévision dont l’accès coûte souvent plus de trente euros par mois pour chaque détenu d’une cellule.


 

La consommation est aussi un plaisir, explique G. Chantraine, parce qu’elle « permet aux détenus de s’exprimer par le moyen des achats qu’ils peuvent faire (…). En se singularisant par ses achats, l’individu se soustrait pour partie à la règle commune et à l’impact dépersonnalisant de l’institution. »

   


Comme la plupart des cellules ne disposent pas de réfrigérateur – et alors même que les détenus peuvent cantiner des produits frais –, ils stockent leurs denrées l’hiver sur le rebord de la fenêtre, contre les barreaux. Une pratique ostentatoire qui n’est pas sans poser problème, témoigne C. de La Condamine : « Lorsque les occupants sont fortunés, tout est relatif, un camembert attend d’être consommé. (…) Les différences financières sautent aux yeux. Combien d’envies, générées par ces exhibitions, se règlent à la douche ? »

 

Nouer des liens


Entre les murs ont lieu de nouvelles formes de socialisation. Les codétenus partagent les repas, les promenades ou les ateliers. Ils se rencontrent en maison d’arrêt et se retrouvent parfois, des années après, en établissement de peine. Quand ils partagent une cellule de quelques mètres carrés, la confiance devient une valeur de premier plan. Partager les provisions cantinées, ne pas puiser dans les réserves des autres quand ils ont le dos tourné. La promiscuité aidant, tout manquement aux règles explicites et implicites peut dégénérer en accès de violence. Le détenu qui refuse de se laver, par exemple, est souvent rappelé à l’ordre par ses codétenus. Une surveillance mutuelle, officieuse, se substitue à celle de l’administration pénitentiaire. De fait, beaucoup de bagarres éclatent loin du regard des surveillants. « Embrouille dans notre pavillon, rapporte dans son journal C. de La Condamine, une casserole d'eau bouillante a répondu aux coups de chaise. Ces deux protagonistes n’ébruiteront pas l’affaire. Cloques et bosses ne valent pas mitard. » Lorsqu’une solidarité s’installe, elle est vécue comme une véritable planche de salut. C. de la Condamine raconte que son codétenu Titi lui gardait tous les soirs, durant la durée de son procès aux assises, son plat au chaud par un système de bain-marie artisanal.


 

Soigner ses troubles mentaux ?


« Un surveillant passe la tête par la porte et dit : “Celui-là, vous allez voir, je ne suis pas sûr qu’il soit pour ici.” Entre en effet un drôle de type jeune, absent ; il ne s’assied pas, il regarde avec intérêt les murs, il ne parle pas. Tout d'un coup, il frappe sa joue, écrase une chose invisible, secoue sa tête (4). » Le témoignage de la psychiatre Christiane de Beaurepaire illustre une contradiction : la justice condamne à des peines de prison des individus atteints de psychoses, incapables donc de comprendre le sens de leur condamnation. Alors qu’un rapport du Sénat de 2010 écrit que « la prison n’est pas un lieu de soin », on dénombre plus de 20 % d’individus atteints de troubles psychotiques parmi les détenus. En avril 2010 ouvre, au sein de l’hôpital du Vinatier de Lyon, une unité hospitalière spécialement aménagée (UHSA), un hôpital prison, susceptible d’accueillir des personnes «souffrant de troubles psychiatriques et nécessitant une hospitalisation».

 

Psychiatres et psychologues dénoncent une confusion entre criminalité et troubles mentaux, et un pas de plus vers la suppression de l'irresponsabilité pénale qui empêche de condamner une personne malade.
 L’expression de ces troubles se manifeste parfois par des mutilations et des tentatives de suicide. Coupures au rasoir, ingestion d’objets durs, les automutilations viennent soulager une tension émotionnelle insupportable, explique C. de Beaurepaire. « Ton corps en prison devient un argument, témoigne Hugo, ex-détenu. T’as des gens qui vont se mutiler parce qu’ils n’ont plus d’autres moyens de faire avancer les choses. Moi ça m’est arrivé, tu t’ouvres les veines pour attirer l’attention sur toi (5). »

 

Communiquer 
avec l’extérieur


« En apportant l’air du dehors, on fait du bien et du mal (6) », explique Sylvie, une compagne de détenu. En détention, les liens avec l’extérieur, d’une importance capitale, se renforcent, se maintiennent, se distendent, ou se rompent. Au parloir, au téléphone, ou à travers la correspondance, le détenu n’est plus seulement un numéro d’écrou et un compagnon de cellule, mais il redevient un père, un fils, un époux, un ami. Mais ces échanges amènent aussi colère et frustration : trop courts, ils rappellent au détenu qu’il est dedans quand les siens sont dehors. G. Chantraine évoque par ailleurs un « décalage entre le temps carcéral et le temps de l’extérieur » qui amène questions et préoccupations : «  Le reclus est-il au courant des avancées de l’affaire ? Tel courrier est-il parvenu ? La date de sortie présumée est-elle toujours la même ? »

Aux visites de parloir, pour lesquelles certaines familles parcourent des centaines de kilomètres, on échange du linge et des livres. Nombre de détenus font passer du courrier en sous-main, afin qu’il échappe à la censure pénitentiaire. À Noël, certains reçoivent de leur famille un colis de denrées alimentaires de cinq kilos : foie gras, fromage, chocolat… Une solidarité avec le détenu que certains proches conditionnent à son innocence, commente la sociologue Gwénola Ricordeau. « Si t’étais coupable, lance un père à son fils accusé de viol, on te prendrait pas au téléphone. »

 

Travailler


« Quand vous travaillez, vous êtes concentrés au boulot, et là vous ne pensez à rien. Si vous restez sans rien faire, vous ne vous sentez pas bien », raconte un détenu de la maison d’arrêt de Bois-d’Arcy. Afin de gagner de quoi cantiner, et pour occuper les journées, les détenus qui le souhaitent peuvent demander à travailler. Deux options s’offrent à eux : le service général ou le travail en production. Dans le premier cas, les « gamelleurs » ou « auxiliaires » font le ménage et servent les repas. Le travail en production, quant à lui, est fourni par des entreprises qui installent leur atelier au sein de la prison, généralement en raison des faibles coûts de main-d’œuvre. Découpe de planche, emballage, montage de composants électroniques, pliage, collage, les tâches sont mécaniques et répétitives. Le travail carcéral n’est encadré par aucun contrat de travail. Aucun entretien, aucune obligation de rémunération minimum, aucune indemnité en cas de licenciement, de maladie ou d’accident du travail n’est prévu pour les détenus qui travaillent aux ateliers.

 

Dans un rapport 2011, l’Observatoire international des prisons (OIP) précise qu’« en 2010, les rémunérations nettes des personnes détenues n’ont pas dépassé, en moyenne, 318 euros par mois ». Parce qu’il offre l’opportunité de s’extraire six heures par jour de leur cellule, le travail reste malgré tout une denrée rare très prisée des détenus. Seuls 25 % d’entre eux y ont accès, ce qui permet à « l’administration pénitentiaire, analyse Philippe Auvergnon, directeur de recherche au CNRS, de se garder la possibilité via l’accès ou le retrait du travail d’un outil disciplinaire extrêmement important ».


 

Bricoler


Du dentifrice pour coller des photos et des affiches au mur. Une boîte de Ricoré en guise de porte-savon. Du jus de raisin, du sucre et de la mie de pain pour distiller du vin. En prison, il faut faire preuve d’ingéniosité pour pallier le manque de tout. Les astuces du système D se transmettent d’un détenu à l’autre, des anciens aux nouveaux arrivants. C. de La Condamine décrit dans son journal comment réchauffer de l’eau : il faut « apporter l’électricité des deux côtés d’un isolant (manche de brosse à dents). On plonge l’objet dans un seau d’eau (salée, ça marche mieux) et l’électrolyse du liquide le fait monter en température. » Improviser un réchaud, une bouilloire, c’est manger et boire chaud quand on le souhaite : autant de moyens de se réapproprier un mode de vie, un lieu, un emploi du temps. Mais une fois qu’ils l’ont investie et aménagée, beaucoup de détenus insistent sur le fait que cette cellule n’est pas la leur. Les mots sont importants. F. Ploquin rapporte les propos de Karim Mouloum, en prison pour braquage, aux matons « lorsqu’ils lui ordonnent de rentrer dans “sa” cellule. – Dans “votre” cellule !, réplique-t-il avant d’obtempérer. »

 

Avoir une
 vie sexuelle


En prison la sexualité n’existe pas, ou presque. Du moins, pas dans les programmes de l’institution pénitentiaire. « Le corps de procédure pénale qui régit la vie en détention ne mentionne à aucun moment le mot “sexe” ou le mot “sexualité”, explique le sociologue Arnaud Gaillard. Un article de loi parle de la protection de la pudeur et des dérives de l’obscénité. » Si beaucoup de détenus témoignent de la disparition de leur libido dès lors qu’ils sont entre les murs, elle se limite pour d’autres à une sexualité solitaire, à des pratiques homosexuelles avec des codétenus, ou à une sexualité dérobée aux parloirs quand les surveillants acceptent de « fermer les yeux ».


 

Hugo, libéré il y a un an après vingt-neuf ans de détention, raconte : « La seule sexualité que j’ai eue en prison pendant vingt-neuf ans, elle est passée à travers la pornographie. (…) Ça fait un an que je suis sorti, j’ai encore des problématiques. À un moment, j’avais une nana (…) mais t’as du mal aussi à accepter ses mains sur ton corps. T’es seul, même en sortant, t’es encore seul (7). »

   


Une « privation de l’altérité », selon les mots d’Arnaud Gaillard, à laquelle tentent de remédier les unités de visite familiale (UVF), expérimentées depuis 2003 sur le modèle canadien. Ces appartements privés mis à la disposition des détenus de longue peine pour y recevoir un conjoint leur permettent de se soustraire pour quelques heures au regard des autres. Mais au 1er janvier 2011, rapporte l’OIP, « seuls dix-sept établissements sur 191 en étaient en effet pourvus ».


 

Être puni


Pour les détenus récalcitrants au règlement carcéral, plane l’ombre des sanctions disciplinaires. Prétoire (commission disciplinaire), mitard (cellules du quartier disciplinaire), le détenu sait généralement ce qu’il risque s’il ne se tient pas à carreau. Le mitard, décrit C. de La Condamine, est une « cellule toute de béton, privée de cantines (…). Pas de briquet pour ne pas enflammer le fin matelas de mousse posé sur le ciment. L’isolement est complet, y compris pendant l’heure de promenade dans une cour de quinze mètres carrés, fermée même vers le ciel par un grillage. » Les détenus particulièrement signalés (DPS), qui ont tenté de s’évader, qui ont commis viols ou meurtres en détention, ou qui appartiennent au crime organisé font l’objet d’un traitement particulier et sont souvent placés à l’isolement.


   

En outre, de nombreux détenus dénoncent l’arbitraire du système pénitentiaire qui fait de la privation de leurs droits un levier de punitions officieuses. Le journaliste Arthur Frayer se souvient des propos de Saker, un détenu : « Surveillant, je vais vous dire, il y a deux prisons : la prison réelle, celle qui existe parce qu’on a fait des conneries ; on a été condamné et on paye pour ça, c’est normal ; et il y en a une deuxième : la prison dans la prison. Tous les petits trucs quotidiens qu’on nous fait subir pour rien : les parloirs Hygiaphone sans raison, les retards de promenade sans motif, et les surveillants qui sont jamais là, les délais sans fin, les plaques électriques cassées qui sont jamais réparées (8)… » À l’inverse, de meilleures conditions de détention deviennent une forme de récompense. Le centre de détention en régime ouvert , par exemple, censé garantir une meilleure réinsertion, est octroyé aux détenus qui ont eu un comportement exemplaire. Par manque de moyens matériels et d’objectifs clairs quant à la mission de la prison, l’admi­nistration pénitentiaire fait respecter l’ordre avant toute chose. Les « pointeurs », les condamnés pour des affaires de mœurs se trouvent ainsi placés à l’écart des autres prisonniers, et ne sortent que rarement. Les surveillants ferment les yeux sur les petits trafics ou les rapports sexuels aux parloirs, en principe interdits, mais qui génèrent du calme.


  

A. Frayer se souvient des paroles de surveillants qui jugeaient que son discours sur le rôle resocialisant de la prison était trop « Enap » (École nationale de l’administration pénitentiaire) : « La réinsertion, c’est pour les politiques et les bureaucrates. Ici, il faut juste veiller à ce que les voyous ne se barrent pas. » Des propos cyniques qui font écho aux analyses du sociologue G. Chantraine, pour qui l’organisation carcérale est une «  organisation où finalité et fin se renversent : le contrôle des membres n’est plus le moyen d’obtenir une fin, il devient la fin ».

 

NOTES

 

(1) Gilles Chantraine, Par-delà les murs, Puf, 2004.

(2) Christophe de La Condamine, Journal de taule, L’Harmattan, 2011.

(3) Frédéric Ploquin, La Prison des caïds, Plon, 2011.

(4) Christiane De Beaurepaire, « Folie et misère en prison », Pratiques, n° 48, février 2010.

(5) Lemonde.fr, Le Corps incarcéré, webdocumentaire, 2009.

(6) Gwénola Ricordeau, Les Détenus et leurs proches. Solidarité et sentiments à l’ombre des murs, Autrement, 2008.

(7) Lemonde.fr, op. cit.
(8) Arthur Frayer, Dans la peau d’un maton, Fayard, 2011.

 

Céline Bagault - www.scienceshumaines.com

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16 octobre 2012 2 16 /10 /octobre /2012 08:54

La fin est-elle inévitable ? Voici la chronique de Brice Couturier en deux parties:

 

Depuis le XVIII° siècle au moins, la crise était censée être un moment, une étape vers un nouvel ordre des choses. Une instabilité passagère, qui ébranlait les repères usuels, ruinait les valeurs établies, renversait les hiérarchies sociales, juste le temps d’installer de nouveaux repères, de fonder de nouvelles valeurs. Bref, un seuil à dépasser, comme chez Hegel, par exemple.  Après quoi, un nouvel ordre stable se mettrait en place. Jusqu’à la prochaine crise, au nouvel ébranlement provisoire de l’ordre des choses, débouchant à nouveau sur une refondation.

 

France-Culturepremière partie, cliquez ici

   

Et l’histoire progressait ainsi par étapes, de crise en crise, toujours vers le meilleur, sur la voie du perfectionnement et de la liberté. C’est au moins sur ce fond, sur ce discours « progressiste », que nous avons vécu depuis que nous sommes entrés en histoire, durant l’Antiquité, avec Thucydide. Depuis que les Grecs, les premiers, ont pris conscience que l’homme ne subissait pas une histoire écrite par les dieux, mais qu’il avait le pouvoir de faire son histoire et d’en trouver le sens.


Mais voici que la crise s’éternise, qu’elle ne semble plus porteuse d’un renouveau radical, mais se contente de saper sans rien construire. Nos sociétés se délitent ; le politique semble ne plus maîtriser aucune des manettes du destin collectif ; on ne voit plus rien se dessiner sur la ligne d’horizon. Nous avons le sentiment d’être placés dans un interrègne interminable. Il devient de plus en plus difficile de penser l’histoire que nous faisons. D’où le soupçon, magnifiquement décrit par feu Philippe Muray, que nous serions de fait « sortis de l’histoire ». Pour Muray, notre post-modernité s’épuisait à mimer de manière dérisoire la geste héroïque des anciennes révoltes, mais sans plus y croire, de manière parodique. Elle aplatissait toutes les différences, refusait toute forme, toute distinction, noyant tout ce qui la précédait dans un magma d’insignifiant recyclage. Nous avions plongé dans une « société de réjouissance », et « l’homo festivus » n’aspirait plus qu’au spectacle.

 

France-CultureDeuxième partie, cliquez ici

   

Muray aimait citer cette phrase de Kojève : « L’histoire s’arrête quand l’homme n’agit plus au sens fort du terme, c’est-à-dire qu’il ne nie plus, ne transforme plus le donné naturel et social par une Lutte sanglante et un Travail créateur. »

 

Cette nostalgie des temps héroïques, de l’époque prométhéenne, elle nous paraît bien suspecte aujourd’hui, car nous savons qu’elle se paye en milliers, puis en millions de morts. Est-ce une raison de se satisfaire de notre éternel présent ?

 

Mais puisque vous aimez Octavio Paz, j’aimerais soumettre à votre commentaire un texte qui date des années 60, puisqu’il figure dans le recueil intitulé « Courant alternatif », mais qui me paraît d’une brûlante actualité.

 

« En Occident et dans les « développés », c’est l’interrègne : rien n’est venu remplacer les principes anciens, la foi ou la raison. La société occidentale, coupée du passé et lancée vers un futur toujours insaisissable, vit au jour le jour. Son abondance matérielle et intellectuelle ne saurait masquer son essentielle pauvreté : elle dispose du superflu, mais l’essentiel lui manque. Son être a disparu par un trou sans fond, le temps qui a perdu sa consistance de jadis. Le vide s’annonce comme désorientation, et celle-ci comme mouvement. C’est un mouvement qui, du fait qu’il est sans direction, ressemble à une immobilité frénétique. » (Courant alternatif, p. 186, 187)

 

J'ai cité un auteur mexicain. En effet, l'impression que l'histoire bégaie est surtout le fait des Européens, ces "retraités de la Grande Histoire", comme dit Peter Sloterdijk. Sommes-nous bien sûrs que les Chinois, les Indiens, les Brésiliens et les Arabes la partagent ?

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11 octobre 2012 4 11 /10 /octobre /2012 18:01

Tablettes numériques, zapping sur la toile, crise, désintérêt des ouvrages, etc... A l’avenir, « achèterons-nous de moins en moins de livres ? »

 

France-Culture

-Cliquez sur le logo pour écouter le podcast-

 

On ne pourra pas reprocher au jury du prix Nobel de littérature d’avoir voulu surfer sur la notoriété incontestable d’une vedette du monde des lettres. Après avoir récompensé le poète suédois Tomas Tranströmer l’an dernier, c’est l’écrivain chinois Mo Yan qui a été sacré aujourd’hui. Pas sûr que ce choix provoque un énorme appel d’air dans les librairies !

 

Le secteur en aurait pourtant bien besoin. A la foire du livre de Francfort, qui ouvrait ses portes hier, il devrait être beaucoup question de la crise qui touche notamment le secteur de l’édition dans les pays du Sud de l’Europe : l’Espagne, la Grèce, le Portugal. Récession oblige, les ventes de livres y sont en chute libre. « On est la tête sous l’eau, sans la moindre perspective » constate notamment la directrice du Centre national du livre grec.

 

La France n’en est pas là, mais le monde de l’édition est-il beaucoup plus serein ici que chez nos voisins ? Selon les chiffres de Livres hebdo, l’économie du secteur aurait tendance à jouer au yoyo depuis quelques mois, les baisses d’activité succédant aux périodes de timide reprise, et ce après une année 2011 marquée par un net ralentissement.

 

Il serait tentant de considérer la crise comme unique responsable de cet essoufflement (qui ne serait donc que passager). Ce serait laisser de côté des changements beaucoup plus profonds liés aux rapports que nous entretenons aujourd’hui avec le livre -qui n’a sans doute plus la place symbolique qu’il occupait autrefois-, et avec la lecture –moins linéaire désormais donc peut-être moins compatible avec la littérature. Une tendance de fond est-elle en train de se dessiner ?

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3 octobre 2012 3 03 /10 /octobre /2012 18:00

"Je tiens tout particulièrement à remercier le pilote de ce mirage, qui par son acte de courage et de sacrifice, a fait don de sa vie pour tenter de poser l'engin défectueux hors des lieux d'habitation de luxeuil et Froideconche." F.T

Le Mirage qui s'est écrasé à Froideconche, en Haute-Saône, faisait partie d'un escadron très prestigieux de l'armée Française.

  
Le Mirage 2000-5 était stationné sur la BA 116 © f3
© f3 Le Mirage 2000-5 était stationné sur la BA 116
   
 
Quel est l'avion accidenté ?

L'avion accidenté est un Mirage 2000-5 conçu par Dassault. C'est l'une des versions les plus modernes de cet avion de chasse qui précède la génération des Rafales. Le Mirage 2000-5 a été conçu comme un avion destiné à l'exportation. Il n'est donc, en soit, pas étonnant que le pilote aux commandes soit un militaire Taïwanais. Il existe également une version du Mirage 2000-5 fabriqué pour l'armée française. Ils sont tous stationnés sur la base aérienne de Luxeuil, en Haute-Saône.

Pourquoi un pilote étranger ?

Selon le porte-parole du Sirpa Air, le colonel Jean-Pascal Bonnet, le
Taïwanais était "un pilote confirmé, avec 1.300 heures de vol" sur Mirage 2000-5
à son actif. Il était en France dans le cadre d'un "accord technique" entre la
France et Taïwan. Selon lui, "c'est l'Etat taïwanais qui a demandé à ce que l'on
participe au partage de nos expériences opérationnelles". "Il y a dans l'Armée
de l'Air un certain nombre d'étrangers qui viennent voler. On a un accord technique
qui a conduit à accueillir un pilote à Luxeuil à la demande de Taïwan", a-t-il
ajouté. La formation du pilote devait durer deux ans selon le Sirpa-Air joint par l'AFP

Les accidents sont-ils fréquents ?

Dans les armées dites de rang 1 (Europe occidentale, Etats-Unis etc...), pour 100 000 heures de vol, la statistique donne la perte d'un avion et demi. Ce chiffre n'a jamais été si faible. Il est stable depuis une vingtaine d'années et aucune armée n'a réussi à passer sous ce chiffre. Dans les années 60, les accidents d'avions de chasse étaient beaucoup plus fréquents, de l'ordre d'un tous les deux mois en France.

Qu'est ce que l'escadron Cigogne ?

L'avion accidenté appartenait à l'escadron Cigogne. c'est l'un des escadrons les plus prestigieux de l'armée Française : celui de Guynemer et des Chevaliers du Ciel. C'est un escadron spécialisé dans la chasse. Jusqu'en 2011, cet escadron était implanté sur la base de Dijon-Longvic. Il est arrivé à Luxeuil lors de la réorganisation de l'armée Française. Cet escadron célèbre  ses 100 ans. Son premier commandant, en juillet 2012, était le Lieutenant Bellanger.
 
Par Sophie Guillin. France 3 Franche-comté.
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